Elle a fait semblant de dormir en attendant qu'il parte.
Ses yeux fermés doucement, elle a cherché quel rêve pourrait la transporter loin de cette pièce sinistre qu'elle nomme maison. Il y a dans sa tête des images d'étendues blanches sans début ni fin, où la neige assourdit tous les bruits et le froid engourdi les membres. Un désert polaire où l'on entend le vent respirer avec soi. Un monde qui pour les citadins n'offre que la survie, mais qui serait pour elle bien plus vrai que celui-ci. D'ailleurs, la "sur-vie", n'est-ce pas une vie supérieure à la nôtre? Une existence où ce stress que l'Occident se plaît à créer de toute pièce devient réel danger de mort, un jeu à balles réelles, plus une des ces parties de jeu vidéo capitaliste où l'échec n'est que partie remise. Il lui semble que la glace panserait ses plaies bien mieux que le soleil. Peut-on cautériser par le froid?
Alors qu'elle allait s'endormir dans le Grand Nord, la porte s'est refermée sur ses illusions.