Car en réalité ce n'est pas le féminisme agressif et affiché qui m'effraie, mais la simple pensée d'une personne farouchement indépendante, au point de ne jamais avoir besoin de moi. Terrorisé par l'accomplissement personnel des autres alors que je suis obsédé par le mien, C. ne pourrait jamais être attirée par moi, mais plus encore: je ne pourrais pas tomber amoureux d'elle.
Toute l'admiration, ou disons plus raisonnablement l'intérêt et le respect que je lui porte sont paradoxalement des raisons de ne pas l'aimer. Je me surprends à être faible parmi les faibles, et à trembler devant le risque de ne pas maîtriser une autre vie que la mienne, alors même que je me répète constamment que je devrais dans l'amour me "mesurer" enfin à aussi intelligent et opinionated, comme disent les britanniques, que moi.
Ainsi je me défile une fois encore devant la possibilité d'un risque, d'un progrès, d'une chance. On n'est jamais mieux battu que par ses démons.