21 mars 2010

Dear diary, part II

Quelle étrange thérapie que de monologuer pour conjurer sa solitude. Seul face à un écran, je parle à moi-même pour toucher les autres - donc pour qu’ils m’aiment. Pourtant je me coupe de tout dialogue, afin de fantasmer mon importance sur leurs vies et de n’être pas confronté à ceux à qui je n’aurais jamais adressé la parole dans le monde physique.

Mon mal-être n’est pas bourgeois : il est universel. Car sans les siens, on peut se sentir loin de tout même au cœur de la civilisation. Se sentir au sommet du bonheur un instant pour plonger au fond du désespoir le suivant. Les délices de la ville qui ne dort jamais procurent une ivresse illusoire dont les vapeurs floutent la réalité pour quelques secondes, quelques heures ; hélas, l’indéniable solitude revient systématiquement frapper le rêveur. Il n’y a d’isolement heureux que volontaire : celui subit, particulièrement entre des millions de semblables, demeure une douleur aussi silencieuse qu’invincible.