30 juin 2009

Balancements

Dans le parc il y a: des filles envieuses, des filles bioniques, des filles qui jalousent les abeilles – insectes qui butinent en musique visuelle, ces ballets aériens qui signalent la présence de fleurs, la direction, l’heure de la journée. Boucles simples ou doubles, vols en forme de 8 couché, tourbillon montant vers le ciel, les bourdonnantes jaunes et noires chantent par leurs mouvements.

Je vois les jolies blondes qui papotent puis s’en vont deux par deux, se tenant la main à travers les champs d’herbes moelleuses. Et pendant ce temps je découpe des poèmes et les répand sur mes yeux; les rayons du soleil font danser les mots comme des ombres chinoises portées par des bougies. Un chat ronronne puis s’endort, indifférent aux croque-morts en liberté qui fauchent la ville et notre blé.

Un peu plus tard, dans un bar ombragé de la ville, je m’assieds à une table pour enfants dans un lieu qui ressemble à une boîte de Lego. A quelques briques de mois, elle ne me regarde pas. Autour de ses cuisses, de la buée sur la chaise en plastique, sa peau nue sur le polymère expansé, et mon café à moitié renversé.
[...]

26 juin 2009

Encore pour moi

Je t'ai aimé de dos, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas t'aimer de loin; t'aimer sans plus te connaître; t'aimer sans le dire; t'aimer sans que tu le penses; t'aimer sans ta permission et sans ton intérêt; t'aimer sans t'aimer.

Pour moi

C’est une chanson si belle que tu ne veux pas la partager. Pour quoi faire? Pour s’exposer au « hmm, mouais » ou « c’est joli » de ceux qui ne sont pas amoureux du son?

A l’heure du MP3 jetable de 3’30’’, tu ne peux pas proposer à n’importe qui une balade enchantée de plus de huit minutes. On est en train de parler 3 étoiles Michelin à un fana de restauration rapide, là. Non, de nos jours, rares sont les gens qui prendraient le temps de plonger huit minutes dans une œuvre qui se rapproche de la poésie jusqu’à l’étourdissement. Et même ceux qui le ferait ne seraient pas forcément touché par cette mélodie, cette voix, ce grain.

C’est une chanson si belle que mon prosélytisme musical disparait pour faire place à un égoïsme heureux; pour connaître le bonheur, ne forçons pas les autres à le partager.