24 avril 2009

Ecrire seulement pour sentir les touches glisser sous ses doigts
Impossible d’être amoureux quand on est aussi froid
Et si tu me connaissais
Tu saurais ça

Je suis dans une phase incertaine
Tu es dans un certain palace
Le vieux qui achète ta glace
Vaut-il que tu lui laisses ta place
Dans les mondes inhabités
Qui remplissent mes pensées

J’ai cru t’assassiner
Un bout de ta robe dans mes mains
Froissé par l’énervement
Me donnait du chagrin

C’est un morceau de ma vie
Tu es une pierre de mon chemin
Mais j’essaie d’oublier ton évidence
Et je souffle sur ton absence

Ecrire seulement pour sentir les touches glisser sous ses doigts...

Absolument

Il se regarde beaucoup. Non pas qu’il s’aime démesurément, il est simplement conscient de son apparence et de l’importance qu’elle emporte dans le monde.

Il est parfois jaloux de lui-même, d’une mèche particulièrement bien placée sur une photo d’hiver, ou d’un regard malin dans un miroir de restaurant. Son image n’est pas qu’un reflet, elle vit indépendamment de lui.

Il ne sera jamais ami avec quelqu’un qui s’appelle Roy ; pour un garçon ou une fille, ce prénom est ridicule. Il aime critiquer les gens car ils n’existent que par lui. Ce n’est pas pour grandir son prestige, immense déjà, plutôt par altruisme. Il dit souvent des choses qui ne semblent pas avoir de sens, comme un défi à la logique et ses raisonnements absurdes.

Sur la glace lisse du restaurant 3 étoiles, il dessine parfois des moutons. Ou peut-être sont-ce des nuages, mais personne ne l’a informé de la différence. Les bulles de sa bière ressemblent à celles de son champagne, mais sa chemise sur mesure n’a rien à voir avec les fripes qu’arborent les marchands d’espace ventant leur supplément hebdomadaire comme une nouvelle venue du Christ sur terre.

Il écoute le papier journal crisser sous les doigts de la nymphe nubienne qui prépare son café, et se répète que le monde n’existe que pour son plaisir périssable. Il pense des phrases définitives. Sur la place enfumée.

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3 avril 2009

Il rêve de la mélodie du ressac et des machines de terrassement des enfants: quelques pelles, un ou deux rateaux et on serait enfin tranquille, épanoui, accompli. C'est pour l'odeur du sel, sa façon de tirailler sa peau, le grain qui griffe tendrement ses doigts lorsqu'il s'effleure. C'est pour cela qu'il vit. C'est la seule raison qui lui reste, mais pas des moindres. Il devient primitif, se demande s'il préfère les millions verts ou les milliards en grains.

Beauté portée par le vent en été
Ebahi je suis et je suis emporté
En suçotant le capuchon de son stylo Bic
Elle me donne envie d'être plastique
Ses pas légers, bruissements d'ailes de papillon, la porte vers l'immense vitre innondée de lumière et de mer. Sous sa dent, une noix craque. Le jus de pamplemousse qui coule dans sa gorge la chatouille de ses morceaux de pulpe; elle en ressent la caresse sur chaque papille de sa langue rose. Enfin, longue créature lascive allongée sur les coussins blanc du canapé choisi dans un magazine de décoration contemporain, elle ferme les yeux pour savourer cette journée qui commence. Il n'y a aucun souvenir désagréable pour gâcher sa sérénité, pas d'amour oublié qui reviendrait sonner à la porte, ni de chaton à nourrir. C'est sa sublime victoire sur le monde qui l'entoure.