29 octobre 2007

Larmes du crime

Ton insouciance
Je ne veux pas savoir
Ce qui balance
Je ne veux pas le voir
Tu es sur Terre
A l’opposé de moi
Pour te suivre je m’enterre
Tu restes loin de mes bras

Mon cœur trop bas ne bats plus
J’imagine tes yeux mi-clos
Je sais que tu t’en fous
Bercé par d’autres mots
Je voudrais mordre tes rêves
Avaler ton cerveau
Pour que ta vie s’achève
Dans mon ventre chaud

Larmes de crocodiles
Qui perlent sur tes cils
Tu joues la comédie
Je devine ton ennui

J’arracherai plutôt
Des lambeaux de ta peau
Elle est fragile

Et quand tu seras immobile
J’essuierai sans remords
Les larmes du crime

Lumière!

Les filles sont attirées par
Les cons les lâches car
Sans eux rien ne démarre
Une vie au point mort

Lumières rouges vertes blanches et bleues
Sur la piste danses et cries que tu l’aime
Ça ne veut plus rien dire pour moi
J’ai une compréhension limitée
De mon environnement

A force de si bien faire semblant
L’intrigue devient insoluble
J’ai du cambouis plein les mains
Ce moteur ne donnera jamais rien

Elle, éclipse

Eparpillés sur le sol, les cheveux blonds d’un soleil disparu. Le carrelage réfléchit mon visage blanc et froid penché sur les traces capillaires. Une larme coule et frappe la jointure de deux dalles, se répandant autour du carreau lisse où gît un cheveu enroulé. 10H33, le jour importe peu. Les semaines défilent et la liste des indices trahissant son existence rapetisse après avoir semblé interminable.

Nos fantômes ne nous quittent jamais.

Elle a disparu, et je survis dans l’éclipse. J’essaie. « Aimer les gens, c’est vouloir leur bien, c’est aimer les rendre heureux » écrit Sagan. Alors je l’aime. Je l’aime pour le soleil dans son sourire lorsque je lui préparais son petit déjeuner, je l’aime pour le soleil dans ses yeux lorsque je lui écrivais quelques lignes.

J’ai tenté d’envoyer des pages. Des pages entières noircies d’amour et de sanglots. Des lettres mortes.
Elle, absente, moi, l’absinthe.
Vomissements, c’est pudique : je gerbe. 70 degrés d’anis qui remonte la gorge en cramant tout l’œsophage au passage. Je reprends conscience plusieurs heures après, au matin. J’écarte ma tête de cette flaque de désespoir, je tente de me lever. Quand j’y parviens, je nettoie l’horreur de la nuit passée, en attendant de réitérer l’expérience. Je finirais bien par crever, elle l’aura cherché.

J’ai touché le fond, mais il est vaseux : impossible de s’y appuyer pour remonter. Et je me réveille seul.

- As-tu pris le temps de parler au passé ? – Non, j’ai parlé aux passants.

21 octobre 2007

Hugo l'ivre

Toujours se donner une contenance : prendre une pause, boire un verre. Et se souvenir : la fille la plus proche n’est jamais la bonne. Qu’on se le dise. Silences sur une piste de danse. Regards d’un garçon maladroit qui pense que le silence est d’or. D’accord, mais cette monnaie n’a pas cours sur les dancefloors. L’alcool coule dans ses veines et sur le sol. Une sirène emplit la cave souterraine sans larsen, la musique vrille ses tympans et la douleur lui arrache un sourire béat, moine bouddhiste en contemplation de la vaine modernité. Il croise un demeuré ; si le savoir est une arme, lui ne fera pas de victimes. Il croise une femme à aimer ; il dit : « je suppose que tu as un copain, puisque toutes les filles que j’aime en ont un ». Il pense : « ce sont toujours les autres que l’on cherche, jamais moi ». Il aimerait rire, mais le monde se prend trop au sérieux. Il aimerait jouir, mais trop de plastique gaine sa chair gonflée.

Il voudrait dire ce qu’il voit ; il voudrait être ce qu’il croit ; il voudrait boire ce qu’il doit. Mais sa vie est explosée comme un puzzle grandeur nature, celle de la réalité. Les pièces éparpillées refusent de se rassembler, la scène d’ensemble ne permet pas de comprendre l’agencement des éléments.
Connivences d’alcôves
L’alcool aidant
Intelligence dissoute
En bulles rouges et blanches

*****

Allez à la ligne
Dans la dictée de vos vies
Ce soir brûle un signe
Dans une soirée de dépit

Bien des essais et tentatives
Ont parasité nos efforts
Il faut faire et non vouloir
Les manifestations du grand soir

J’ai cru aimer j’ai cru mourir
Rien n’était vrai sinon moi
J’ai cru rêver j’ai cru dormir
Le monde ne pensait pas à moi

********
Tes doigts crispés
Tenaient une cigarette
La fumée jouait
Tu te cachais, coquette

Le dos courbé
L’échine rompue de mort
La vie s’abattait
Tu regardais dehors

******

On ne se parle pas
Car c’est mieux comme ça
Quand je t’embrasse dans le noir
Nos yeux sont des miroirs

Mais le mouvement des vagues
Dépasse tous les vers
Dans les reflets noirs et verts
Dieu se tient caché

************

Il faut savoir accepter
Les règles des sangs mêlés
O comme j’ai participé
A leurs jeux décérébrés

Elle appelait tous azimuts
Pensant retarder l’échéance
Mais rien n’est plus décadent
Que d’accepter la déchéance