27 mars 2010

- C’était effectivement très joli, merci…
- J’étais sûr que ca te plairait. En même temps je n’ai pas pris beaucoup de risques !
- Dis… Pourquoi tu ne m’as pas embrassée là-haut?
- Pour que tu me poses la question…
- Oh ! Aller, dis-moi.
- Je ne sais pas… Enfin tu m’as dit qu’on devrait arrêter, j’essaie.
- Oui mais c’était l’endroit idéal !
- Bon, tu te décides ? Je ne suis plus, un coup tu me demandes de te laisser tranquille, le moment d’après tu me reproches de ne pas t’embrasser !
- Je ne te reproche rien… Je m’interroge, c’est tout.
- Oui, et bien si je puis me permettre, garde tes questions pour toi, OK ?
- Oh, il est de mauvaise humeur maintenant…

Elle s’approche en souriant, ferme les yeux, pose ses lèvres sur les miennes.

- C’est plus clair ?

- Pas vraiment, mais au moins c’est plus agréable !

- T’es jamais content.

- Je le serai peut-être le jour où je comprendrai ce qui se passe.

- Comprendre… penser… réfléchir… pourquoi ne pas juste profiter de l’instant ?

- Parce qu’il ne veut rien dire s’il n’est rien de plus à tes yeux. Je veux bien vivre dans le moment, à condition de ne pas être certain que tu auras changé d’avis demain matin.

- Mais il n’y jamais rien de garanti, dans aucune relation.

- Exactement ; sauf qu’ici il y a bien une garantie : celle que tu me dises de partir demain.

Il y eut un bref nuage dans ses yeux, vite effacé par son sourire enjôleur. Bien des années après, je me souviendrais de ce moment comme l’une des nombreuses preuves de mon aveuglement volontaire, ainsi que pour tenter de lui pardonner ce qu’elle avait pris si peu de soin à dissimuler.

24 mars 2010

They're playing our song...

It's one of these songs.

The kind that brings tears of joy. That gently rips your heart out of your ribcage. One reminding you there is someone, somewhere. Yes: you might not have been thinking about it in the same way if you hadn't been fucked up by romantic comedies and fairy tale love stories. Deep down inside, you know how stupid you are for even thinking the shit that's going through your head.

But that's the beauty of it.

Listening to this makes you feel like a kid again, one that still believed in many things that have since disappeared. A teenage moron who wrote bad poems for girls he couldn't dare to approach. He didn't care about his bank account or his job title. He wasn't always fun, but his naiveté pinches your heart. He's you. The 'know-it-all' idiot you've carefully buried under the guise of 'growing up'.

But simple words and guitar chords bring it all back. You become him and think of her. There's always a 'her'. Usually, she got away. Or you got away and regret it. Or you never had her. But building your life on the missing seems like the least crazy thing we do. And by 'we' I mean me, as a former friend would remind me.

Sometimes, it feels good to be all ages at once. And something that makes you feel this way truly deserves to be called: art.



21 mars 2010

Dear diary, part II

Quelle étrange thérapie que de monologuer pour conjurer sa solitude. Seul face à un écran, je parle à moi-même pour toucher les autres - donc pour qu’ils m’aiment. Pourtant je me coupe de tout dialogue, afin de fantasmer mon importance sur leurs vies et de n’être pas confronté à ceux à qui je n’aurais jamais adressé la parole dans le monde physique.

Mon mal-être n’est pas bourgeois : il est universel. Car sans les siens, on peut se sentir loin de tout même au cœur de la civilisation. Se sentir au sommet du bonheur un instant pour plonger au fond du désespoir le suivant. Les délices de la ville qui ne dort jamais procurent une ivresse illusoire dont les vapeurs floutent la réalité pour quelques secondes, quelques heures ; hélas, l’indéniable solitude revient systématiquement frapper le rêveur. Il n’y a d’isolement heureux que volontaire : celui subit, particulièrement entre des millions de semblables, demeure une douleur aussi silencieuse qu’invincible.

19 mars 2010

Dear diary

Cette douce torture que de voir un couple se former, surtout un couple bronzé ; deux amants se regardant langoureusement, le corps couvert de soleil. Ces prémisses nous rappellent nos amours antérieurs, provoquant une bouffée de tristesse qui perle jusqu’au coin de ces yeux que l’on croyaient à jamais asséchés.

La gorge se serre, le cœur s’emballe, c’est le moment le plus triste et le plus beau de ma vie. On ne peut pas nommer cela : états d’âme, car elle n’est jamais statique; je vis sur un élastique émotionnel, et chaque jour est une succession de chutes et de rebonds. Ce bout de corde extensible me terrifie puisqu’il va nécessairement se casser un jour, tout comme l’élastique au cent unième saut.

Mais dans la même respiration, cet excès de vie me remplit de bonheur ; mes larmes ont un goût sucré. Et la perspective de la passion future, du “Prochain Amour”, tout à la fois me désespère et me réjouit.

17 mars 2010

Sur ma peau

Un soleil rédempteur brule les nuages putrides. Je sens ma peau renaitre, se tordre légèrement comme une tranche de bacon qui frit en se recroquevillant. Je respire l’odeur de cuisson épidermique, jouissant intérieurement à la perspective de mourir bien trop jeune pour avoir un cancer. La peau est le plus grand organe du corps humain. Étalée, elle pourrait recouvrir un terrain de tennis. Non, je confonds avec les poumons. Mais c’est tout de même vrai.

Je traite la mienne avec la désinvolture légère des amoureux secrets. Tandis qu’elle brunit doucement, poulet à la citronnelle dans son four à bois, je lui jette des coups d’œil furtifs. Je l’admire avec pudeur. Je lui écris des odes, des opéras. Elle rougit de cette attention, repousse tendrement mes avances.

Car cette peau que j’aime n’aime rien davantage que les autres peaux. Leur toucher soyeux, leur chaleur tranquille. De leurs effleurements jaillissent les prémisses d’une aventure, qui seule enflamme mon cerveau enfin amoureux.


9 mars 2010

Ad lib

éperdu égaré dans la douceur de ses lèvres

le dos râpé par les graviers de la grève

les yeux brillants par une nuit d'hiver

pourquoi appeler ce moment "hier" ?


c'est la perle de sueur au coin de sa bouche ourlée

le froissement murmuré par son chemisier

la soie que l'on file en allant trop vite

une mélodie que l'on n'oublie qu'à l'aquavit


ce baiser d'adieu avait un goût de revoyons-nous

cet au revoir à jamais n'était-il pas un rendez-vous?