27 mars 2007

Je coupe les violettes
De ce jardin d'opérette
Je suis l'exégète
Qui coupe a la machette

Je débite des troncons
En chantant des chansons
Machinalement je dévale
la pente hivernale
Alpiniste original
Délavé au mescal

Trivial alchimiste
En balancier estival
Dévoré par la lueur pale
De la mescaline triste

Tryptique de la Ljubljanica - 1

Le pécheur

L’eau bout dans la rivière
Au bout de ma visière
Je vois le poison dans l’eau

L’eau boue de la rivière
Est ma bouée en hiver
J’envoie les poissons dans le seau

A l’aube où la rivière
Inspire les marabouts
J’époussette la poussière
Qui salit mes genoux

Tryptique de la Ljubljanica - 2

Le noyé

Les eaux de la Ljubljanica
Gèlent au-dessus de moi
Je tape sur le ciel de glace
Les pieds dans le sol de glaise

Du lit de vase le torrent bout
Et chantent les cathares
J’oublie en mangeant un nénuphar
Plus rien à cirer de ce trou

Je crache sur ta figure
Tu jacasses je me biture
Entre deux courants les poissons flottent
Nonchalamment

En coulant dans l’eau froide
Les vêtements collent à ma peau
En aspirant l’oxygène fluide
Je frissonne de bas en haut

Tryptique de la Ljubljanica - 3

La Ljubljanica

Le liquide se fixe
Sous le ciel crachant la neige
Les bulles d’air prisonnières
Caressent la glaciale rivière

Une saison en hiver
Un adieu au jour d’hier
Par une porte dérobée
L’automne s’en est allé

Tintements métalliques
A la surface des eaux gelées
Je givre entre deux étés
M’enivre d’esthétique
Désabusée

L’eau n’a plus cours
Dans cette saison perdue
Je suis rude et j’étouffe
Les poissons nus

Mon lit dévore les esprits
Elliptiques
Figée sous vos fenêtres
Arrogante mais jamais identique

26 mars 2007

La Noyée (S.G.)

Tu t'en vas à la dérive
Sur la rivière du souvenir
Et moi, courant sur la rive,
Je te crie de revenir
Mais, lentement, tu t'éloignes
Et dans ma course éperdue,
Peu à peu, je te regagne
Un peu de terrain perdu.

De temps en temps, tu t'enfonces
Dans le liquide mouvant
Ou bien, frôlant quelques ronces,
Tu hésites et tu m'attends
En te cachant la figure
Dans ta robe retroussée,
De peur que ne te défigurent
Et la honte et les regrets.

Tu n'es plus qu'une pauvre épave,
Chienne crevée au fil de l'eau
Mais je reste ton esclave
Et plonge dans le ruisseau
Quand le souvenir s'arrête
Et l'océan de l'oubli,
Brisant nos cœurs et nos têtes,
A jamais, nous réunit.

21 mars 2007

Juillet 1959


Juliette Gréco : Qui êtes-vous, à vos yeux ?
Serge Gainsbourg : Pour l'instant pas grand chose ; je suis une espérance.

9 mars 2007

Post hoc, ergo propter hoc

Regarde moi tous ces tarés qui sortent de salle de réunion, la tête penchée sur leur portable, anxieux d'avoir raté un appel hyper important. Ils prennent des airs contrits et collent vite ce bout de plastique contre leur oreille, pour pouvoir enfin parler avec les gens qui comptent : ceux qui ne sont pas la. A les observer, on pourrait croire qu'ils sont importants, traitent d'affaires capitales ; en fait, ils décalent des réunions inutiles, commandent un repas pour le déjeuner, réservent une baby-sitter pour aller au théâtre ce soir. Leurs angoisses apparaissent comme des signes extérieurs de réussite aux yeux d'une société profondément malade. Ils se rongent les sangs pour des problèmes qu'ils estiment majeurs quand bien même ils sont fictifs. Et tu n'attends qu'une chose : les rejoindre dans leur douce illusion.

La force de persuasion de l'esprit humain est éblouissante. Les exemples abondent, et produisent deux effets : nausée face a la nullité du raisonnement des masses, et fascination morbide pour la capacité d’anéantissement inconscient du réel. Nous refusons obstinément de tirer les leçons du passé, et ce du plus idiot au plus intelligent du village planétaire.

Quelques rares esprits ont encore la force d’alerter. Une lecture, même distraite, de Jean Baudrillard, apporte l’explication de l’évolution actuelle de nos sociétés, et pourquoi cette obsession du « Bien » ne peut qu’engendrer une dérive totalitaire ou une fin chaotique de l’Occident, dont le terrorisme n’est que le signe avant-coureur.
Pour les plus paresseux, l’aphorisme de Cioran mettant en évidence la ressemblance entre la décadence romaine et nos sociétés actuelles suffira. « Les romains de la décadence n’appréciaient plus que le repos grec, otium graecum, qu'ils meprisaient auparavant. » Le philosophe nihiliste ajoute que l’analogie avec les sociétés contemporaines est telle qu’il serait indécent d’y insister. L’histoire se répète devant nous, et si la vie parait plus simple les yeux clos, le résultat n’en devient pas différent pour autant.

Enfin, un exemple futile donnera la mesure de l’ampleur du phénomène. Dans les années 1930, l’industrie musicale cria au scandale lors du développement massif du phonographe (qui signerait la fin des concerts et de la juste rémunération des artistes…). Elle hurla aussi pour protester contre l’écoute massive de la radio, une vingtaine d’années plus tard, qui se traduirait nécessairement par des baisses de ventes de disques. Quand la cassette audio a fait son apparition, les amateurs de musique du monde entier se sont fait traiter comme de vulgaires voleurs. Les statistiques ont prouvé que les jeunes qui copiaient la musique sur cassette étaient également ceux qui achetaient le plus de disques compacts. A chaque étape, l’industrie s’est réinventée, et surtout, la création musicale n’a pas cessé.
Mais pourquoi tirer les leçons de ces expériences pour comprendre la situation actuelle ? Les jeunes qui téléchargent achètent probablement 10 fois plus de disques que la moyenne nationale (1 disque par habitant par an en France), mais il est plus pratique de les accuser de tous les maux que de remettre en question la qualité des artistes dont on fait la promotion massive. Et il est bien plus confortable de tirer à boulets rouges sur les « pirates » que d’accepter un nouveau changement de l’industrie, qui implique forcement des perdants et des gagnants, mais n’est ni plus ni moins que le 4ème changement d’organisation majeur de cette industrie en un siècle.

8 mars 2007

Chanson du malfrat Zilok

Allure,
Ouais, t'as de la gueule,
dans ton complet veston
Ailleurs
mes potes, pas bégueules,
te rosseront pour tes ronds

J'entends dire par ici,
qu'on est que des voyous
Ma p'tite dame je vous félicite
Votre cerveau n'est pas complètement mou

Pourquoi travailler
Si c'est pour d'autres voyous
Entre nous c'est peut-être
la guerre
Mais on sait d'où viennent les coups

J'vous laisse les cravates et les secrétaires
Et vos sourires bizarres
J'préfère mes clopes et ma bière
Assis au fond d'un bar

Mon programme ? assez simple
Je n'en ai aucun
Entre 2 longues et une pinte
J'me ferais bien un rupin
Des frontières connues
Aux abysses à découvrir
De mes yeux n'ai jamais vu
Une âme en peine grandir

7 mars 2007

La page idéale est blanche.
La page idéale, c'est la prochaine.

6 mars 2007

ailleurs

Ailleurs renaître
Effacer enfin
Pour devenir sans paraître
Aimer un jour sans fin

Respiration légère
Oubli sans effort
Au-dela des airs
Le silence est d'or