2 octobre 2006

Midnight Sun

Je passais dans la rue en pinçant les pans dans ma veste comme deux lèvres pincées de mépris. J’évoquais des souvenirs au hasard des airs pulsés dans mon oreille par mon casque quand j’ai croisé son odeur dans la foule. Le parfum suave foudroie ma narine gauche (la droite est bouchée par le froid). Je respire – on ne sait jamais, ça peut servir. De la narine gauche au lobe droit du cerveau, le trajet ne prend même pas le temps d’une pensée. Réflexe pré pubère d’adolescent attardé (ou d’adulte refoulé), mes yeux perdent contact avec la réalité et projettent ses cheveux ondulant dans l’avenue encombrée. Les mèches virevoltent entre les arrêts de bus, la couleur se reflète sur toutes les vitrines, les passants se laissent caresser par le velouté du duvet naissant sur le haut de son front, là où la frontière entre le visage angélique et les cheveux turbulents se fait ténue.

Les accords d’une chanson des Beatles me rappellent que je déteste qu’elle aime – des musiques, des films, des gens. Pas assez de finesse, pas assez de culture, pas assez le droit je crois.

Les voitures éclaboussent des jeunes filles qui ne rient pas. La lumière tombe comme dans un film de Sofia Coppola. Paris résiste, les gens ont froid.

Je suis peut-être parvenu à tout dire sans rien prononcer, mais il me semble que les personnes concernées n’ont pas entendu.