26 janvier 2008

Tu ne sais rien

La musique tourne dans ma tête comme une bobine de film au bout du rouleau. Je vois des nuages voler à la vitesse de l’esprit, des vapeurs d’eau en traînées majestueuses derrière eux. Je ne joue pas de piano. Les notes que j’entends viennent d’ailleurs. Je ne veux pas savoir. Je ne joue pas de piano. Je ne veux pas savoir. Je reste le dos tourné à la porte d’où proviennent les notes cristallines. Elles se détachent insolemment, se succèdent dans un tourbillon désaccordé. J’ai peur et je ne veux pas savoir.

Le chat saute sur le lit. Je le dégage parce que si je le prends dans mes bras, il me griffera. Je ne veux plus qu’on me griffe, je veux qu’on me greffe : un cœur, un cerveau, des yeux. Pour changer de point de vue. A défaut, je bois. Je mélange les couleurs comme un peintre soucieux d’harmonie : rosé, rouge, blanc, crémant, vodka. Je teste les combinaisons et elles sont toutes aussi jolies lorsque je les rends sur la cuvette immaculée.

Les gens ne savent rien de moi. Personne ne sait rien sur personne. On a déjà du mal à se connaître, alors vous n’imaginez tout de même pas y arriver sur un autre. Non. Impossible. Psychologie : arnaque. Nécessairement. Les gens quittent votre vie en pensant que ce n’est pas grave. Ils viennent, arrachent un morceau de vous, et se barrent. Qu’ils parviennent à penser que vous ne souffrez pas, sous prétexte que vous continuez à sourire, dépasse l’entendement. À côté de ça, le mystère de la naissance de l’univers paraît risible.