3 juillet 2009

Mots roses

Il vaporise des gouttelettes sur les pales de son ventilateur portatif. Ca lui rappelle les brumisateurs d’eau minérale naturelle que l’on s’arrachait à la fin des années 90; il se demande ce qu’ils sont devenus et si quiconque oserait encore s’afficher aujourd’hui avec de tels affront à l’environnement. José Bové ne se gênerait pas pour vous regarder de travers, c’est sûr.

L’air statique de son bureau accentue sa léthargie chronique. Il mange des cachets d’aspirine pour passer le temps et ses nerfs. Il parait que ça réduit les risques de crise cardiaque, ce qui n’est pas le moindre des luxes pour un hyper-tendu qui se nourrit comme un enfant de 7 ans livré à lui-même dans les allées d’un hypermarché après fermeture. Sa copine veut s’installer dans un meublé. Il fait craquer ses phalanges. Il écrit un email de réponse puis l’efface pour ne pas l’envoyer. Il se souvient comment c’était avant elle; ou essaie. Il a pris 10 ans et 10 kilos en 12 mois : peut-être un signe.

Sa secrétaire est à genoux sous son bureau en train de ramasser des trombones qu’elle a fait tomber. Il a songé un instant à sa vie si la fin de cette phrase était différente. Des ennuis, principalement. Sa médiocrité éclairée a toujours été une faille majeure de sa personnalité, un frein naturel à l’avancement, un appel aux chieuses.