17 mars 2010

Sur ma peau

Un soleil rédempteur brule les nuages putrides. Je sens ma peau renaitre, se tordre légèrement comme une tranche de bacon qui frit en se recroquevillant. Je respire l’odeur de cuisson épidermique, jouissant intérieurement à la perspective de mourir bien trop jeune pour avoir un cancer. La peau est le plus grand organe du corps humain. Étalée, elle pourrait recouvrir un terrain de tennis. Non, je confonds avec les poumons. Mais c’est tout de même vrai.

Je traite la mienne avec la désinvolture légère des amoureux secrets. Tandis qu’elle brunit doucement, poulet à la citronnelle dans son four à bois, je lui jette des coups d’œil furtifs. Je l’admire avec pudeur. Je lui écris des odes, des opéras. Elle rougit de cette attention, repousse tendrement mes avances.

Car cette peau que j’aime n’aime rien davantage que les autres peaux. Leur toucher soyeux, leur chaleur tranquille. De leurs effleurements jaillissent les prémisses d’une aventure, qui seule enflamme mon cerveau enfin amoureux.