26 octobre 2010

Larmes de guerre

L'ancienne vie ne meurt jamais, on peut changer beaucoup mais les fragments sont enfoncés dans la chair, une volée de shrapnel amoureux de ta mélancolie qui cisaille tes pensées aussitôt que tu crois t'échapper. 
Alors tu pars, tu cries sans te retourner et un sourire béant déforme ta face rougie par le bonheur de la fuite, mais, tu le sais très bien, ce masque ne dure pas, et il contient les rides qui accompagneront les futures larmes. 

Ritournelle implacable qui glace ton sang, te poursuit dans des rêves où tu ne trouves jamais de portes : elle aussi est partie, non, pire : elle aussi tu l'as fait fuir. L'amour comme tes cauchemars, c'est cela : courir comme un dératé dans un couloir sans portes, foncer vers le mur noir où tu t'écraseras si fort que le noir déteindra sur ton esprit et amènera ce voile sur les yeux qui précède l'effondrement, l'évanouissement. 
Le noir, c'est aussi celui du vinyle, le disque de ta vie, et là où tu as gravé son souvenir, cette petite piste qui aurait pu rester insignifiante, c'est justement celle-ci qui est rayée et que tu repasses en boucle, essayant bêtement d'obtenir à nouveau le passage en clair, mais non, il revient toujours brouillé, abîmé, rayé - comme toi de sa vie à elle.