9 mai 2007

absence et écriture

Que les absents aient tort ou raison, là n’est pas la question. Les absents cristallisent l’attention. Le monde est suspendu à leur absence. Au centre de toutes les discussions, leur présence n’est jamais plus vive. Le problème de l’homme provient de son attachement à l’absent, de l’importance qu’il lui donne, sous toutes ses formes : de ce qui n’existe pas jusqu’à ce qui n’est simplement pas là à un moment donné. Nous ne pouvons pas vivre dans l’instant ou accepter ce qui est donné. En partie parce qu’il est plus simple de voir l’herbe plus verte ailleurs, en partie parce qu’il est plus simple de parler de personnes qui ne peuvent pas répondre. Le plaisir de raconter tout et n’importe quoi sur quelqu’un sans risque d’être contredit est grand.

Peut-être est-ce l’un des attraits de l’écriture.

Mais elle n’est pas faite pour n’importe qui. C’est un grand pouvoir. Donc une lourde responsabilité. Beaucoup disent : « écrire ? parfois j’en rêve la nuit ». L’écrivain est plus direct : « écrire ? j’en crève la nuit. »

L’écriture, comme l’amour, se construit dans la douleur. Ecrire revient à foutre des coups de pieds dans le sable en espérant que ça fera un château. C’est de la souffrance, de la passion, de la jubilation, des crises. Moments de silence, d’angoisses, de questions, de libération.

Alors une chose est sûre : ce n’est pas fait pour les « wannabees ». Quelle horreur. Les gens peuvent fantasmer autant qu’ils veulent, l’écrivain génial et branleur n’existe pas. Le branleur, personne ne le connaît, parce qu’il n’a jamais terminé plus de 20 pages, et qu’elles étaient minables.