13 mai 2007

Mystic Sunday

Le bonheur pourrait être tout simplement : acheter une livre de cerises un dimanche matin. Ou encore : écouter coup sur coup Elisa, Le soleil donne, et Don’t worry be happy. Tout le monde connaît la dernière, mais qui l’écoute réellement ? C’est pourtant une de ces chansons qui fait sourire avec toutes les dents, même en marchant dans la rue avec les gens qui regardent de travers.

Le bonheur, c’est manger un sandwich avec du pain qu’on a été chercher dans la meilleure boulangerie, même s’il a fallu marcher un peu plus. Et avec du jambon de Parme qu’on a ramené soi-même d’Italie. Un morceau de vacances dans l’assiette. Une alliance de l’insouciance, de l’imprévu et de son acceptation permet toutes les folies (comme celle d’être heureux). Une journée ensoleillée n’est pas de trop non plus. Et alors, parfois, on se surprend à cesser de réfléchir, à ne plus s’inquiéter. On parvient même à penser aux femmes sans penser à une en particulier. Ou plutôt : on pense à une fille qui n’existe pas. Une fille pour manger des cerises avec nous, qui nous fasse sourire et que l’on fasse rire. Une fille belle de simplicité, troublante par sa façon involontaire de jouer de son corps et de ses cheveux. Une de ces filles qui se lisent à demi-mot dans tous les romans et toutes les chansons. On en parle à peine, sans trop insister, à la manière de Fitzgerald dans The great Gatsby. Les « Jordan » sont des créatures fugitives, que l’on esquisse de quelques phrases avant qu’elle ne disparaisse, retournant dans l’univers magique où elles dansent jusqu’à l’aube fraîche.

Avoir cette fille ressemblerait au bonheur. Pourtant il est déjà là, dans la solitude calme d’un dimanche de mai, porté par des mélodies lumineuses, des arbres dont l’ombre nous protège, des parcs verts emplis de rires et de silence. Chaque heure libre, chaque moment délivré des interrogations perpétuelles constitue la base d’un état futur, sans doute, peut-être, d’un état d’esprit attendu comme le Messie, une béatitude qui pourrait même faire devenir croyant.