29 octobre 2007

Elle, éclipse

Eparpillés sur le sol, les cheveux blonds d’un soleil disparu. Le carrelage réfléchit mon visage blanc et froid penché sur les traces capillaires. Une larme coule et frappe la jointure de deux dalles, se répandant autour du carreau lisse où gît un cheveu enroulé. 10H33, le jour importe peu. Les semaines défilent et la liste des indices trahissant son existence rapetisse après avoir semblé interminable.

Nos fantômes ne nous quittent jamais.

Elle a disparu, et je survis dans l’éclipse. J’essaie. « Aimer les gens, c’est vouloir leur bien, c’est aimer les rendre heureux » écrit Sagan. Alors je l’aime. Je l’aime pour le soleil dans son sourire lorsque je lui préparais son petit déjeuner, je l’aime pour le soleil dans ses yeux lorsque je lui écrivais quelques lignes.

J’ai tenté d’envoyer des pages. Des pages entières noircies d’amour et de sanglots. Des lettres mortes.
Elle, absente, moi, l’absinthe.
Vomissements, c’est pudique : je gerbe. 70 degrés d’anis qui remonte la gorge en cramant tout l’œsophage au passage. Je reprends conscience plusieurs heures après, au matin. J’écarte ma tête de cette flaque de désespoir, je tente de me lever. Quand j’y parviens, je nettoie l’horreur de la nuit passée, en attendant de réitérer l’expérience. Je finirais bien par crever, elle l’aura cherché.

J’ai touché le fond, mais il est vaseux : impossible de s’y appuyer pour remonter. Et je me réveille seul.

- As-tu pris le temps de parler au passé ? – Non, j’ai parlé aux passants.